Bas les masques !

Le Covid nous a fait découvrir les masques pour se protéger collectivement du virus, mais qui peut se vanter de n’avoir jamais porté un masque ? Les caricatures de nous-mêmes sont légions car nombreux sont ceux qui subissent les rôles qu’imposent la vie en groupe ou en société.

Il faut admettre que ces costumes peuvent être pratiques. En agissant au quotidien comme nous souhaitons être perçus sur chacune des scènes que nous occupons, nous limitons l’exposition de nos faiblesses en compartimentant nos vies. Cette barrière de protection est rassurante dans un monde de défiance qui touche également le monde de l’entreprise. Bref, que nous soyons dirigeant(e)s, partenaire, candidat(e)s ou collaborateur.trices, la facilité semble de revêtir un masque professionnel en passant la porte de l’entreprise. Or, comme dit Henry David Thoreau « Méfiez–vous de toute entreprise qui nécessite de nouveaux vêtements ».

En se projetant dans une organisation Opale, où les valeurs clés sur lesquelles l’équipe se fédère sont la confiance et l’abondance, les masques deviennent encombrants. Tout d’abord, nous sommes individuellement invités à suivre notre raison d’être et il n’y en a qu’une à l’œuvre dans nos vies. Et ceci va dans le sens du bien pour le groupe. Laloux observe que, fortes d’individus authentique et intègres, certains disent « alignés », les organisations humaines s’équilibrent naturellement, comme un organisme vivant. C’est une très bonne nouvelle pour les organisations de demain, mais aujourd’hui, comme point de départ, comment rendre les relations interpersonnelles dans le travail plus « authentiques » ?

Je vous propose d’étudier trois leviers pour progresser dans cette voie.

1 – L’authenticité se conjugue avec liberté et responsabilité individuelle

Tout d’abord, arrêtons de brandir des titres professionnels. Même si les français ne sont pas les pires dans ce type de distinction « monsieur le docteur » ou « madame la directrice », nous sommes très attachés au « niveau » de formation et aux prétendues qualités ou avantages qu’il confère.

Dans votre entreprise… combien de membres compte le codir ? Quel est le pourcentage de « responsables » dans votre équipe ? J’ai souvent vu le titre de Directeurs.ices ou de Responsable distribué pour fidéliser un collaborateur. Mais les meilleurs regardant au fond et ne s’arrêtant pas à la forme, au cas où ils ne reçoivent pas les responsabilités réelles qui vont avec, ils ne s’y trompent pas longtemps.

De plus, si les avantages accordés sont uniquement liés à l’échelle hiérarchique, où s’arrête ce concours ? à la taille de la voiture de fonction (avantage à mon sens obsolète aujourd’hui), au nombre de fenêtres du bureau ou la place autour de la table en réunion ? Sans pour autant abolir la hiérarchie, il est bon de garder en tête qu’une responsabilité vient avec un devoir vis à vis du groupe et les outils nécessaires à l’exercice de ses fonctions.

Dans certaines sociétés « agiles » il est convenu d’appeler tous ses collaborateurs par leur prénom et de se tutoyer. Cette coutume n’est pas sans fondement, elle permet d’afficher l’attention portée à chacun et l’authenticité de tous. C’est une invitation faite aux collaborateurs de sortir des cases où ils se cachent pour s’exprimer, apprendre et se développer. C’est une reconnaissance que les compétences (savoir être et savoir-faire) valent mieux qu’un diplôme ou un statut !

Si nous sommes égaux, comment exprimer cette reconnaissance ? et si on sortait là aussi des sentiers battus pour explorer la méthode …

• Collégiale : une récompense collective plutôt qu’individuelle 
• Humaine : des compliments informels et réguliers plutôt qu’une célébration officielle annuelle 
• Hors cadre : changer complétement le sujet et célébrer les anniversaires ou autres événements de la vie 

2 – Présentiel ou distanciel … l’importance des rencontres entre collaborateurs

Pourquoi ? simplement pour se connaître et célébrer le fait d’être investis ensemble dans la même mission ! Et logiquement, la curiosité pour chacun, l’échange d’information, les idées, l’énergie…. Tout ce qui nourrit le travail d’équipe est issu de ces rencontres régulières entre personnes qui partagent des valeurs et une direction.

La première des conditions pour le succès de cette synergie est une transparence totale vis-à-vis des objectifs communs et du rôle de chacun pour les atteindre. Si nous voulons sincèrement créer du lien et des interactions entre nos collaborateurs, cette confiance passe évidement avant la saison, le lieu ou le buffet de la fête où nous souhaitons qu’ils s’amusent.

Ensuite au quotidien, l’agencement des bureaux et le choix des lieux de pause créent des carrefours évidents. A l’heure du télétravail et de la digitalisation, les échanges et l’accès à l’information se pensent également hors les murs de l’entreprise. Les priorités, les succès et les objectifs de chacun se partagent en temps réel grâce à des logiciels (gestion ou métier) bien choisis et paramétrés. Les précieux outils de travail collaboratifs (en tchat ou viso…) peuvent également véhiculer blagues, informations et conseils.

Les grands rendez-vous sont également des moments rêvés pour créer ou enrichir ce lien. Les collaborateurs qui participent à une réunion clé dans le développement de la société (stratégie business, raison d’être ensemble ou process) sont embarqués dans son aventure. Nous pouvons susciter des occasions fréquentes de se découvrir, imaginer des solutions, s’instruire ensemble… voici quelques idées :

• L’émulation : de la boite à idée au hackaton ; qu’est-ce que tu proposes pour améliorer un sujet donné dans ton entreprise ?
• L’intergénérationnel : une rencontre trimestrielle des alternants et leur tuteur permet aux uns et autres de prendre du recul et s’enrichir des pratiques des autres
• La veille : un petit déj mensuel est l’occasion pour une équipe de présenter son travail et sa vision du marché à tour de rôle au reste de l’entreprise

3 – Ensemble on est plus forts – développer un esprit de communauté et d’entraide entre collaborateurs

Et là, ne nous arrêtons pas à la sphère professionnelle, même si tout commence avec un bel entretien de recrutement et une intégration réussie. Attention, il ne s’agit pas du babyfoot à la pause ou le kart pour la réunion annuelle ! Il s’agit de permettre à votre équipe de se réunir ou d’entreprendre dans des contextes dépassant le cadre professionnel, toujours sans rien attendre en retour, simplement l’envie de souder notre communauté.

Certains de vos collaborateurs partagent sûrement naturellement des centres d’intérêts. Ils peuvent facilement animer ou prendre ensemble des cours de danse ou d’art martial, créer une exposition de peinture ou un concert, ou s’entrainer pour un triathlon. Les problèmes quotidiens de transport, alimentation saine ou garde d’enfants sont également les soucis de nombre d’entre eux. Pourquoi pas héberger une crèche d’entreprise dans vos bureaux ou vous faire livrer des paniers de saison si des personnes motivées s’organisent et portent ces sujets pour le collectif ? Les frigos connectés (ou les camions-traiteurs’-) permettent également de remplacer la cantine ou les tickets restau pour les sites ne pouvant accueillir de restauration sur place. J’ai aussi été touchée par cette société de fabrication d’alimentation animale dont la fondatrice vient avec son chien au travail comme l’ensemble des collaborateurs qui souhaitent partager leur vie pro avec leur compagnon à poil ou à plume !

Comme la présence des animaux en entreprise, les aspirations de vos collaborateurs peuvent leur permettre de se rencontrer d’une nouvelle façon encore. Une action caritative comme la collecte de fonds pour la recherche, une après-midi à ramasser des déchets ou une fête du printemps en pyjama que chacun a réalisé soi-même, placent l’échange sous l’angle de l’émotionnel et créativité… qui gagnent à être convoqués dans l’espace de l’entreprise.

Si vous partagez cette philosophie, quel que soit votre point de départ, fort(e)s de ces orientations et ces idées pratiques, je vous souhaite des petites victoires concrètes et rapides qui vous donne envie d’aller vers toujours plus d’authenticité ! Bonne route.